Maisalors, s'il est conçu seulement comme instrument, l'Etat devrait disparaître avec les inégalités sociales : c'est la perspective de la suppression de l'Etat dans la société sans classes. Ainsi, l'Etat serait-il un simple instrument, un moyen. Et ce moyen devrait être conçu soit comme un mal nécessaire, durable dans le cas du libéralisme, théoriquement
Machiavel A la recherche du chef d'Etat idéal La question du rapport entre pouvoir, Etat, politique et morale est au cœur de la pensée de Machiavel qu’est-ce qu’un bon chef d’état ? Quelles qualités font un bon politique ? Comment doit-il gérer la vie politique ? Pour ne pas redécouvrir la lune, jetons un coup d’oeil sur le penseur qui a fondé la philosophie politique moderne Machiavel. Dans son célèbre texte Le Prince, le florentin, qui a passé sa vie au plus près du pouvoir auprès de César Borgia à qui s'adresse Le Prince, tente un portrait-robot du gouvernant. D’emblée, Machiavel réfute toute conception morale du pouvoir le chef de l’état ne doit pas obéir à une morale fixe, mais s’adapter aux circonstances, ce qu’il appelle la fortune ”fortuna”, en latin, signifie la chance, le destin. En dissociant la morale du pouvoir, il ne dit pourtant pas que le chef de l’état doive être immoral, mais qu’il peut s’affranchir de la morale si c’est nécessaire. C’est ce qu’aujourd’hui on appellerait le pragmatisme, ou le primat de la fin sur les moyens. Autrement dit, le chef de l’état doit maîtriser et faire foin de toute idéalisme qui le contraindrait à moraliser sa politique. La morale de Machiavel n'est donc pas un formalisme éthique comme chez kant par exemple, mais plutôt une invention permanente de celui qui la pratique la morale machiavélienne est immanente, et non transcendante. Kant s'opposera à cette conception du pouvoir, en plaçant les intentions au-dessus des résultats. A la différence, pour Machiavel, l'action politique ne peut être jugé que sur sa réalité et non sur ses potentialités ou les intentions qui la fondent. Machiavel définit le champ politique comme le lieu d'affrontement du destin fortuna et de la volonté virtu. Le chef d'Etat doit incarner cette volonté de dépassement de la nécessité, le dépassement des contraintes naturelles ou conjoncturelles. Un personnage en vue Avant tout, le chef de l’état est un personnage public, il est sans cesse “en vue“d'autant plus dans nos démocraties médiatiques, ou “médiacratie”. C’est pour cette raison qu’il doit maîtriser son image il doit donc paraître posséder des qualités qu’il ne détient pas forcément. Ses défauts seront cachés au public pour ne pas le déstabiliser. On voit à quel point ceci est moderne. Aujourd’hui, ce sont les conseillers en communication “spin doctors” qui gèrent l’image des hommes politiques via des méthodes telles que l'analyse des sondages ou le media training, en tentant de les faire apparaître sous leur meilleur jour. Parce qu'il est en permanence sous le regard des autres, le politique de Machiavel doit dissimiler ses défauts et feindre des qualités qu'il ne détient pas. Machiavel et la maîtrise de la vie politique Le chef de l’état doit également mettre sous contrôle ses opposants. Machiavel prône à leur égard une politique de fermeté. La dissidence doit être endiguée car elle est la racine de la révolte. Or, selon Machiavel, cela va de soi, le chef de l’état n’a qu’un seul but la conservation du pouvoir. En un mot la fin, là aussi, justifie les moyens. Si le politique est menacé par ses opposants, il ne doit pas s'empêcher de les emprisonner. Ainsi, le trait dominant du “bon” chef de l’état, c’est la “VIRTU”, c'est-à -dire le contrôle, la maîtrise de soi l’image, de l’avenir le destin, de ses opposants la vie politique. Cette politique de contrôle est, de nos jours, appelée RealPolitik. C'est loin du cynisme auquel Machiavel est souvent réduit …
NikoleHannah-Jones, l’une des initiatrices du projet, a réagi sur Twitter. “Si l’esclavage basé sur la couleur de la peau, où il était permis de violer, de torturer et de vendre des gens, est un mal nécessaire, alors il est difficile de trouver quelque chose qu’on ne peut pas justifier, tant que la fin justifie les moyens”.
La santé est souvent un sujet tabou en entreprise, lieu de compétitivité et de performance. Il peut être délicat et osé de baisser la garde et s’épancher sur son état de santé. La période que nous traversons peut s’avérer d’autant plus compliquée pour les personnes qui ont une santé fragile. Pourtant, mettre son entreprise dans la confidence peut aussi déboucher sur de meilleures conditions de travail et un accompagnement psychologiquement non négligeable. Alors, comment communiquer sur sa situation médicale lorsque cela devient une nécessité ? Doit-on forcément informer notre entreprise si nous sommes une personne à risque pour le Covid-19 ? Est-il bienvenu de tout dire ?Welcome to the Jungle fait le point sur les lois qui encadrent notre santé au travail et vous conseille sur ce qu’il peut être préférable de communiquer ou non à votre dit la loi ?À l’embaucheLe salarié n’a aucune obligation de dire à son futur employeur qu’il est malade. Lors d’un entretien d’embauche, le Code du travail établit qu’aucun salarié ne peut être sanctionné, licencié, ou faire l’objet d’une mesure discriminatoire, pour avoir refusé de répondre à une question sur son état de santé ou son handicap. L’employeur peut demander un certificat ou un examen afin de savoir si le salarié est apte ou non au poste auquel il aspire mais il n’aura accès à aucun autre détail en raison du secret l’entrée en vigueur le 1er janvier 2017 de la Loi Travail, dite loi El Khomri », la traditionnelle visite médicale est remplacée par la VIP Visite d’Information et de Prévention, sauf cas a vocation à interroger le salarié sur son état de santé, l’informer des risques éventuels auxquels l’expose son poste de travail, sensibiliser le salarié sur les moyens de prévention de ces risques à mettre en œuvre, identifier si l’état de santé du salarié ou les risques auxquels il est exposé nécessitent une orientation vers le médecin du travail, informer le salarié sur les modalités de suivi de son état de santé par le service et sur la possibilité dont il dispose, à tout moment, de bénéficier d’une visite à sa demande avec le médecin du travail. Le rôle de ce dernier est préventif, son but est d’éviter toute altération de la santé des travailleurs du fait de leur travail. Pour pallier la pénurie des médecins du travail, la VIP est réalisée par un professionnel de santé, également tenu au secret professionnel interne en médecine ou infirmier par exemple, sous l’autorité du médecin du travail. Elle doit avoir lieu avant la fin de la période d’essai, soit dans les trois mois suivants la prise de poste, et le délai entre deux rendez-vous ne doit pas excéder cinq cas du salarié en posteComme pour l’entretien d’embauche, le salarié n’a aucune obligation de communiquer à son employeur son état de santé lors d’un entretien d’ en fonction des conséquences que peuvent avoir certaines maladies, le médecin du travail peut déclarer le salarié inapte au travail dès le premier rendez-vous médical. Le médecin du travail doit alors obligatoirement échanger avec l’employeur et le salarié sur les possibilités d’aménagement ou d’adaptation de poste, réaliser une étude du poste du salarié et de ses conditions de travail. Quelle que soit l’origine de l’inaptitude, l’employeur a l’obligation de proposer un reclassement au salarié déclaré inapte, sauf si, le médecin du travail estime que tout maintien du salarié dans un emploi serait gravement préjudiciable à sa santé » ou que l’état de santé du salarié fait obstacle à tout reclassement dans un emploi ». Dans ce cas, le médecin dispense l’employeur d’une recherche de reclassement. Si aucun reclassement n’est possible, une procédure de licenciement pourra être engagée. En cas de contestation, la saisine appel ou recours, ndlr du conseil de prud’hommes est ouverte pour un délai de quinze jours à compter de la notification de la spécificités liées au coronavirusEn cette période de crise sanitaire, si vous êtes une personne vulnérable antécédents cardiovasculaires, diabéte, insuffisance rénale, etc., rien ne vous oblige à prévenir votre entreprise. En revanche, pour protéger votre santé, mieux vaut avertir votre employeur pour que celui-ci vous autorise le télétravail. Si la nature de votre métier ne vous le permet pas, alors votre entreprise pourra vous mettre au chômage partiel ou au chômage technique sur présentation d’un certificat d’isolement fourni par un médecin un document qui vous autorise à rester chez vous et à ne pas vous rendre au travail, ndlr. Si vous n’êtes pas une personne vulnérable face au Covid-19 mais que vous avez été un cas contact en contact rapproché, sans masque, avec une personne testée positive au Covid-19, vous avez l’obligation de prévenir votre entreprise. Le salarié a aussi une obligation de sécurité envers lui mais aussi les autres, si celle-ci n’est pas respectée, cela pourrait faire l’objet d’une faute. Dans les faits, il serait difficile pour l’entreprise de prouver que vous avez caché des informations sur votre état de santé, il y a donc peu de risque d’être sanctionné. Une fois votre entreprise avertie, vous devrez poursuivre en télétravail ou bien vous faire prescrire un arrêt de travail. Idem si vous présentez les symptômes du coronavirus ou si vous avez été testé positif avec ou sans symptômes vous ne devez pas non plus vous rendre sur votre lieu de travail. Un arrêt de travail sera là aussi nécessaire. Une transparence parfois difficileQuel que soit le problème de santé que vous rencontrez, nous ne pouvons que vous conseiller d’être transparent avec votre employeur, c’est inévitable si vous souhaitez que celui-ci amènage votre poste de travail et s’adapte à vous. En revanche, si vous souffrez d’une maladie chronique ou d’un handicap et que vous ne souhaitez pas en informer votre entreprise, rien ne vous oblige à le faire ! Parler de son état de santé peut être délicat et intime, il est tout à fait compréhensible et tout à fait légitime que vous souhaitiez garder ces informations pour vous. Car, malheureusement, la bienveillance n’est pas innée chez tout le monde et certains managers et DRH peuvent encore avoir du mal à accompagner des profils comme le vôtre…Pour d’autres maladies à court ou moyen terme, nous vous recommandons tout de même d’être transparent avec votre entreprise, si besoin en toute confidentialité. Il en va de la santé de vos collègues et de leurs proches. Ne prenez pas de risque !Suivez Welcome to the Jungle sur Facebook, LinkedIn et Instagram ou abonnez-vous à notre newsletter pour recevoir, chaque jour, nos derniers articles !Photo by WTTJ
LEtat est il un mal nécessaire ? I /Les raisons de l’apparition de l’Etat Le rejet de l’aristocratie et le désir de démocratie L’apparition de l’individu grâce à la liberté et
Texte de Rousseau Ce qu’il y a de plus nécessaire, et peut-être de plus difficile dans le gouvernement, c’est une intégrité sévère à rendre justice à tous, et surtout à protéger le pauvre contre la tyrannie du riche. Le plus grand mal est déjà fait, quand on a des pauvres à défendre et des riches à contenir. C’est sur la médiocrité seule que s’exerce toute la force des lois ; elles sont également impuissantes contre les trésors du riche et contre la misère du pauvre ; le premier les élude, le second leur échappe ; l’un brise la toile, et l’autre passe au travers. C’est donc une des plus importantes affaires du gouvernement, de prévenir l’extrême inégalité des fortunes, non en enlevant les trésors à leurs possesseurs, mais en ôtant à tous les moyens d’en accumuler, ni en bâtissant des hôpitaux pour les pauvres, mais en garantissant les citoyens de le devenir. Les hommes inégalement distribués sur le territoire, et entassés dans un lieu tandis que les autres se dépeuplent ; les arts d’agrément et de pure industrie favorisés aux dépens des métiers utiles et pénibles ; l’agriculture sacrifiée au commerce ; le publicain rendu nécessaire par la mauvaise administration des deniers de l’État ; enfin la vénalité poussée à tel excès, que la considération se compte avec les pistoles, et que les vertus mêmes se vendent à prix d’argent ; telles sont les causes les plus sensibles de l’opulence et de la misère, de l’intérêt particulier substitué à l’intérêt public, de la haine mutuelle des citoyens, de leur indifférence pour la cause commune, de la corruption du peuple, et de l’affaiblissement de tous les ressorts du gouvernement » Rousseau, Discours sur l’Économie politique, 1755 Analyse du texte avec en italique les éléments critiques avec en surligné bleu les 4 éléments d’une introduction d’explication de texte ; ces parenthèses ne doivent bien sûr ne pas apparaître dans une introduction Si les hommes ont accepté de se soumettre à l’État, c’est parce qu’il y avait avantage soit la protection, soit la liberté. Le rôle de l’État est de faire en sorte que les libertés puissent coexister et que l’inégalité naturelle des hommes sont compensée par une égalité en droits et devant la loi. Pour certains penseurs libéraux, l’État doit s’arrêter là , n’assurer que l’ordre et la justice, mais pour d’autres penseurs politiques, comme Marx , une égalité formelle, en droits, n’est qu’une façade s’il n’y a pas égalité matérielle, d’où sa politique économique d’abolition de la propriété privée. Aussi on peut se demander quelles doivent être les fonctions de l’État et jusqu’où il se doit de corriger les inégalités? C’est le problème dont traite ce texte Rousseau, dans cet extrait du Discours de l’économie politique de 1755, objet de notre explication, soutient que l’État ne doit pas se contenter de veiller à l’égalité des droits et devant la loi, il doit aussi se préoccuper des inégalités socio-économiques. C’est la réponse de l’auteur sur cette question C’est sur cette thèse que s’ouvre aux lignes 1 et 2 sa réflexion, thèse justifiée par le lien étroit entre égalité en droits et égalité de fait, souligné aux lignes 2 à 4. Excluant un certain type de politique aux lignes 4 à 7, il va proposer des mesures à la fois économiques, politiques et morales pour prévenir ses inégalités menaçant les droits et devoirs de chacun. C’est le plan du texte qui sera le plan de l’explication du texte Tout en explicitant sa position, nous pourrons nous demander si elle est justifiée et suffisante. ce sera l’axe critique de l’explication – L’extrait s’ouvre donc aux lignes 1 et 2 sur une définition des missions de l’État. Elles ont présenté comme difficiles à remplir et comme ce qu’il y a de plus nécessaire ». Le nécessaire, c’est ce qui ne peut pas ne pas être , ce qui s’oppose au contingent. On peut donc penser que pour Rousseau qu’elles découlent de la nature même de l’État. C’est ce qu’on comprend bien pour la première des missions. Si les hommes ont accepté de se soumettre à l’autorité de l’État , c’est parce qu’il le jugeait nécessaire, pour mettre un terme aux rapports de force fondés sur l’inégalité c’était l’hypothèse de Hobbes ou pour que chacun soit protégé par la force commune ce sera l’hypothèse de Rousseau en 1762 dans son Contrat. Dans les deux cas, il faut qu’il y ait égalité devant la loi, pour que personne ne soit lésé et chacun également protégé. Par contre concernant la seconde mission, protéger le pauvre contre la tyrannie du riche », on peut penser que cette mission n’est pas directement à la charge de l’État. Si le riche est égal devant la loi et en droits avec le pauvre, alors la l’égalité et par là la justice associée naturellement au droit et à l’égalité règne. L’égalité devant la loi prévient, justement de cette tyrannie » du riche. Un tyran est celui qui exerce de manière abusive son pouvoir et qui surtout est au dessus des lois qu’il impose aux autres. Sous un État juste, il n’y a pas de tyran, tout le monde obéit à la loi et personne n’est au-dessus des lois. Donc corriger l’inégalité économique ne semble pas nécessaire, l’égalité devant la loi annule en quelque sorte le jeu des forces entre le fort et le faible. On peut cependant noter que sur ce point Marx sera au XIXème siècle moins affirmatif, les dominants économiquement étant aussi ceux qui détiennent le pouvoir et la justice n’est alors que la défense de leur intérêt érigé en intérêt général. Mais même si Rousseau ne va pas jusqu’à cette analyse marxiste, il souligne que la seconde mission est tout aussi nécessaire que la première et même que la première ne peut être remplie sans la seconde. – En effet, aux lignes 2 à 4, il explicite cette tyrannie. Quand il y a inégalité, c’est seulement sur la médiocrité » que les lois ont force de lois. La médiocrité, c’est ici l’état de ce qui se situe dans la moyenne, c’est l’état de fortune moyen. Cette classe moyenne, dirait-on aujourd’hui, n’échappe pas aux lois, par contre les classes riches et pauvres y échappent. Les riches avec leur trésor » ,ils sont capables de passer au travers des filets de la loi brise la toile » soit parce qu’ils peuvent s’autoriser à la transgresser en payant les amendes si nécessaires ou à les éviter en achetant des passe-droits, en trouvant bien conseillés des vides juridiques ou des moyens de la contourner ou d’atténuer son effet. Les pauvres eux, vivants en marge de la société , sans logis, sans biens, sont difficiles à contrôler, arrêter ou il est difficile de leur donner ce que la loi leur octroie. Donc les uns et les autres échappent aux lois, ce qui crée une inégalité devant la loi vis-à -vis des autres citoyens et entre eux. Donc s’il y a inégalités socio-économiques; l’État ne peut rendre justice à tous et il revient donc à l’État de prendre en main ses inégalités et d’élaborer une politique en ce sens. Mais laquelle? – Rousseau exclut aux lignes 4 à 7 , 2 types de mesures qui se recoupent et qui pourraient se résumer ainsi prendre aux riches pour donner aux pauvres, ce que soutiennent certaines politiques modernes d’inspiration communiste ou anti-capitaliste. Pour Rousseau, c’est exclu. En ce qui concerne les pauvres, c’est parce qu’il rejette l’idée d’un simple assistanat pansant les plaies à l’hôpital ou à l’hospice qui accueillait malades et pauvres de la misère, sans la corriger pour autant. Il semble plutôt en appeler à une politique préventive qui empêchent les inégalités de naître ou de se creuser, d’où le refus de l’accumulation de richesse, si s’enrichir n’est pas empêché. En ce qui concerne les riches, on peut imaginer différentes raisons à son refus de les déposséder respect de la liberté d’entreprendre et de s’enrichir, principe d’égalité on ne peut désavantager les uns au détriment des autres, influence de la théorie de la main invisible d’Adam Smith selon laquelle l’enrichissement des riches bien qu’égoïste travaille malgré eux à hausser le niveau, l’idée que la richesse peut être le fruit légitime du travail, etc…En tout cas, l’État ne se doit pas pour autant de se retirer de l’économie et de laisser ses lois rétablir l’équilibre, il doit intervenir mais pas à la manière d’un État providence, comme il est apparu dans la période moderne. – Aux lignes 7 à 12 en exposant les causes de ces inégalités, Rousseau indique implicitement la politique qui lui semblerait adéquate. Il s’agit d’une véritable politique générale, touchant aussi bien au plan de l’organisation du territoire pour éviter la surpopulation et l’exode et donc la rareté du travail ou la non-exploitation de certaines richesse, qu’au plan politique avec une meilleure gestion de l’argent publique et éviter les prélèvements le publicain étant celui qui relève l’impôt, qu’au plan de la politique économique en veillant à l’équilibre entre les différents secteurs primaire agriculture et artisanat et secondaire industrie et en contrôlant le commerce et même au plan des mœurs, que l’argent et les arts d’agrément pervertissent en détournant de la vertu. On retrouve ici une idée déjà présente chez Aristote du danger de la volonté d’accumuler l’argent pour l’argent, qui d’un moyen de l’échange, en devient le but; ou chez Saint-Thomas d’Aquin qui voit dans l’épargne un mauvais mésusage de l’argent. Quant à la dissolution des mœurs par les arts, Rousseau y a consacré un discours en 1750 pour dénoncer leur effets amollissants et pervers. L’état se doit donc de faire en sorte que les inégalités n’apparaissent pas ou sont réduites et que le profit ne soit pas le seul moteur de la société qu’il administre. Les dernières lignes du texte souligne à quel point il est nécessaire aussi bien qu’en un sens un devoir de l’État que d’avoir cette politique générale sans laquelle non seulement les lois ne peuvent s’appliquer à tous, mais même sans lesquelles elles ne peuvent être ce qu’elles doivent à savoir l’expression de la volonté générale au nom de l’intérêt général, comme le soulignera Du contrat social. Les inégalités socio-économiques créent des intérêts divergents, contradictoire qui ne peuvent être concilier dans une volonté commune, elles font que les hommes ne pensent qu’à leur intérêt privé on peut ici au matérialisme médiocre des hommes dans les démocraties modernes dénoncé par Tocqueville qui laisse au nom de l’égalité et de la sécurité des corps et des pieds s’installer une nouvelle forme de despotisme paternelet dédaignent l’intérêt commun, au nom duquel ils devraient être capables de sacrifier leur intérêts personnels et elles font enfin que même les gouvernants ne sont plus intègres, eux-mêmes corrompus ou expression de cette domination de l’argent et de la richesse , comme le dénoncera Marx. Nous avons donc vu que Rousseau attendait de l’Etat une égalité en droit mais aussi une réduction des inégalités de fait par une véritable politique socio-économico-politico-morale. On peut juger qu’ici l’État outrepasse sa mission, et porte atteinte aux libertés individuelles, ou qu’il se contente de réduire, ce qui devrait être éliminé; en tout cas, la position de Rousseau dessine une politique à la fois soucieuse d’une économie florissante mais encadrée par l’État et l’idée qu’une démocratie, c’est d’abord une société qu’il faut s’efforcer de dériver vers le luxe, le superflu et le triomphe de l’argent est intéressante, même si, là encore, on peut juger que ce n’est pas à l’État d’éduquer les hommes, et que Rousseau confond 2 domaines à distinguer la politique et la morale, pour permettre au politique de ne pas être angélique et inefficace comme le soulignait Machiavel et aux hommes d’être libre dans leur vie privée. BOUDON, BOURDIEU par seko-eco
Leréglementarisme se fondait sur la théorie philosophique du mal nécessaire. Celle-ci, en la matière, trouvait sa racine dans le De ordine de saint Augustin, auquel il était, alors, souvent
Le Sénateur Cotton qualifie l'esclavage de Mal nécessaire Selon le sénateur américain Tom Cotton, l’esclavage aux États-Unis était un “mal nécessaire sur lequel le pays est construit”. C’est ce qu’a déclaré le sénateur républicain de l’État de l’Arkansas à un journal local en réponse à une loi qu’il a déposée pour lutter contre un nouveau plan d’enseignement sur l’ loi du sénateur Cotton concerne le projet 1619, lancé l’an dernier par le New York Times. Ce projet veut que les leçons d’histoire soient révisées à partir de l’année 1619, lorsque les premiers navires avec des esclaves à bord sont arrivés dans la colonie anglaise de l’époque. Selon le projet, il faudrait mettre davantage l’accent sur les conséquences de l’esclavage et sur la contribution des Noirs américains à l’ Cotton veut empêcher que le programme scolaire ne soit modifié parce que “l’esclavage était nécessaire”. Selon lui, les fondateurs des États-Unis ont toujours eu l’intention d’abolir l’esclavage à terme. “Le message du projet 1619 est faux. Notre pays n’a pas de racines racistes”.Nikole Hannah-Jones, l’une des initiatrices du projet, a réagi sur Twitter. “Si l’esclavage basé sur la couleur de la peau, où il était permis de violer, de torturer et de vendre des gens, est un mal nécessaire, alors il est difficile de trouver quelque chose qu’on ne peut pas justifier, tant que la fin justifie les moyens”.
LEtat est-il un mal nécessaire? L’Etat a été mis en place tout au long de l’Histoire selon les civilisations, il a suscité des interrogations sur sa mise en place, son rôle politique et social. Il se définit par un ensemble d'institutions organisées censées régler la vie en société par l'instauration de lois applicables à chacun, pour éviter que les hommes ne se nuisent
La corruption est le principal obstacle au développement économique et social de nos pays. Elle freine la croissance, nuit à l’Etat de droit et entraîne un gaspillage de compétences et de ressources à nul autre pareil. La corruption enracine la médiocrité dans la société. Selon Transparency International, la corruption est le détournement à des fins privées d’un pouvoir confié en délégation. Entendue dans son sens strict, elle désigne le fait pour une personne investie d’une fonction déterminée, de solliciter ou d’accepter un don ou un avantage quelconque en vue d’accomplir ou de s’abstenir d’accomplir, un acte entrant dans le cadre de ses fonctions. On distingue ainsi la corruption active qui désigne le fait de proposer le don ou l’avantage quelconque à la personne investie de la fonction déterminée, de la corruption passive qui correspond au fait, pour la personne investie de la fonction déterminée, d’accepter le don ou l’avantage. Le Cameroun qui a ratifié la Convention des Nations Unies sur la prévention et la lutte contre la corruption et signé la Convention Africaine de prévention et de lutte contre la corruption, a pris en compte cette préoccupation dans son cadre normatif, notamment le Code pénal. En effet, tout fonctionnaire ou agent public auteur ou co-auteur de corruption est susceptible d’être poursuivi conformément à l’article 134 dudit Code. Il est cependant à déplorer le fait qu’il n’existe pas de législation nationale spécifique de prévention et de lutte contre la corruption au Cameroun. Cette loi est pourtant réclamée par la société civile et les autres parties intéressées pertinentes, au rang desquelles les principaux partenaires techniques et financiers de l’Etat. A l’observation, la corruption constitue l’un des cancers de notre société, et une entrave majeure à notre marche vers le développement. Au Cameroun nous la rencontrons à chaque coin de rue, soit en tant qu’acteur, soit en tant que victime. Le phénomène n’est pas en perte de vitesse, malgré les actions symboliques et pratiques mises en œuvre ces vingt-cinq 25 dernières années. En effet, les Camerounais donnent l’impression d’être liés les uns aux autres par un pacte de corruption implicite ou explicite selon le cas, en vertu duquel la vie en société n’aurait d’autre fin que le service d’intérêts individuels ou catégoriels, au détriment de l’intérêt général. De fait, la corruption, qu’il s’agisse de la petite ou de la grande, obère les capacités de développement du pays. Cela se voit à travers la qualité de la dépense publique, à travers certains choix d’investissement éminemment discutables, ou encore dans le domaine de la sécurité routière. A titre d’illustration, alors que les pouvoirs publics validaient la stratégie nationale de prévention et de sécurité routière du Cameroun en 2018, un accident de la route a eu lieu sur la nationale N°4 reliant Yaoundé à Bafoussam. Cet accident a causé la mort de 31 personnes et occasionné 04 blessés graves. Les premières conclusions du Gouvernement faisaient état de ce que a le chauffeur ne disposait pas du permis de conduire approprié ; b l’agence de voyage ne disposait pas d’une licence l’autorisant à exercer l’activité de transport interurbain des personnes ; c le véhicule, chaussé de pneus usés, lesquels ont été impliqués dans sa sortie de piste, disposait d’un certificat de visite technique conforme qui lui aurait été délivré 07 jours avant l’accident. Il faut également constater que le domaine de la commande publique constitue l’un des champs d’expérimentation les plus fertiles de la corruption dans notre pays. C’est dommage car cela affaiblit l’efficacité de l’action publique. Il conviendrait à cet égard de réviser la réglementation pour corriger les faiblesses du système des marchés publics, au regard de la tendance haussière des contentieux de l’attribution, dans lesquels les Sous-Commissions d’Analyse des Offres sont compromises. La réglementation des marchés publics, conçue et mise à jour pour faire obstacle à la corruption dans la commande publique, contribue paradoxalement à alimenter, à nourrir le phénomène, au grand dam des acteurs chargés de la régulation et du contrôle du secteur. Sont en cause les dispositions relatives à la communication des notes des soumissionnaires avant l’ouverture des offres financières, celles relatives aux délais de recours ou encore le fait que le plaignant lors d’un recours, ne reçoit que la partie du rapport d’analyse des offres qui le concerne, alors que la pratique de corruption ici peut consister à surnoter ou à couvrir les manœuvres frauduleuses d’un compétiteur autre que le plaignant, et non pas seulement à mal noter ce dernier. Les citoyens attendent de l’administration qu’elle mette en œuvre un projet de société orienté vers le développement du pays et prenant appui sur la satisfaction de l’intérêt général. Elle ne peut pas à la place, proposer un choix de société qui banalise la corruption et fait le lit de la médiocrité. La corruption entraîne le pays dans des profondeurs abyssales. Elle révèle ce qu’il y a de plus perfide en nous, elle sape les fondements de la société, érige en norme le vol et la tricherie, elle met la médiocrité au pinacle, elle tue aussi, sur les routes, dans les hôpitaux, dans des lieux insoupçonnés, et il faut en prendre clairement conscience. L’administration hélas, est pour beaucoup dans la prolifération de la corruption dans le corps social. Les conséquences de la corruption sont perceptibles à travers la crise morale que traverse la nation, à travers certains accidents de la circulation ou encore dans la gestion des projets ou dans les choix d’investissement inutilement coûteux, et le risque est grand que les conséquences lointaines soient pires que ce que l’on pourrait imaginer. Il y a péril en la demeure, nous devons avoir le sursaut nécessaire pour bâtir ensemble une société plus vertueuse, normée, une société dans laquelle la règle prime. En effet, la corruption entraîne inexorablement le pays dans un chaos social, et obère nos capacités de développement comme cela a déjà été évoqué. A la question de savoir la raison pour laquelle la corruption prospère autant sous nos cieux, la réponse qui vient à l’esprit de l’auteur de ces lignes, est que les Camerounais sont invariablement liés les uns aux autres par le pacte de corruption évoqué plus haut, lequel favorise un consensus tacite sur le fait que la corruption jouerait un rôle de régulation sociale, de répartition de la richesse. En effet la corruption apparaît au Cameroun comme un comportement rationnel et calculé, présent dans toutes les strates de la société. A dire vrai, la prévarication et la monétarisation des relations sociales ont atteint leur niveau le plus haut depuis l’indépendance, au point de renouveler l’hypothèse de l’Etat néo-patrimonial dont l’Afrique au demeurant n’est pas seule coutumière, même si elle en est le terreau le plus fertile. Classé pays le plus corrompu au monde en 1998 et 1999 par Transparency International, le pays a depuis lors créé des institutions chargées de lutter contre ce fléau, et a également renforcé le cadre juridique y relatif. Cependant, en dépit de ces mesures, le Cameroun reste l’un des pays les plus corrompus au monde 34e d’après le classement 2021 de TI, accréditant ainsi l’impression selon laquelle son classement peu enviable par TI, parait au fond assumé, en dépit des discours de convenance des autorités. A cet égard, le bilan de la Commission Nationale Anti-Corruption créée en 2006 paraît plutôt maigre, au point que l’on pourrait être tenté de questionner son utilité réelle. Il nous faut prendre conscience de ce que la corruption est le principal obstacle au développement économique et social de notre pays. En effet, elle freine la croissance économique, nuit à l’état de droit et entraîne un gaspillage de compétences et de ressources à nul autre pareil. Lorsqu’elle fragilise les structures chargées de la sécurité et de l’ordre public, la corruption peut poser des problèmes de sécurité nationale. Lorsqu’elle devient omniprésente, elle empêche le secteur public de remplir sa mission ainsi que les entreprises de réaliser leur potentiel. La corruption détourne des fonds destinés aux services essentiels, notamment les soins de santé, d’éducation, etc. En cela, elle pénalise en premier lieu les plus fragiles d’entre nous, particulièrement les Camerounais économiquement faibles. Contrairement à une idée reçue, les véritables entrepreneurs abhorrent la corruption, ne serait-ce parce qu’elle augmente le coût de l’activité économique. La corruption dans le monde des affaires est sujet courant, et quasiment toutes les entreprises y sont confrontées, qu’elles soient grandes, moyennes ou petites. Si la corruption s’inscrit clairement à l’encontre de l’éthique des affaires, certains investisseurs diront cependant qu’elle est nécessaire pour réussir ses projets notamment dans un pays comme le nôtre, arguant qu’une entreprise qui refuserait de la pratiquer au nom de l’éthique verrait ipso facto ses chances de réussite fondre comme neige au soleil. Un investisseur dans notre société doit-il être obligé de choisir entre performance et éthique des affaires ? Est-ce à dire qu’il est impossible de réussir sans recourir à des pratiques corruptives ? C’est contre cette doxa qu’il faudrait s’insurger. Il faut déplorer que malgré les efforts de certains acteurs, il n’existe pas encore une masse critique permettant d’impulser une véritable dynamique anti-corruption, le plus grand nombre étant persuadé à tort que les avantages de la corruption sont plus importants à leur échelle, que ses inconvénients. Parmi les solutions à mettre en œuvre, outre l’éducation populaire et la sanction systématique des actes de corruption, il convient d’envisager de revaloriser significativement des salaires des fonctionnaires et agents de l’Etat. Cette mesure permettrait de diminuer les initiatives de corruption dont les cibles sont les usagers ou les prestataires de l’administration. Elle permettrait également de réduire les atteintes à la fortune publique. Il faut dire pour alarmer le corps social sur ce phénomène que l’on a fini par banaliser, que le coût moral de la corruption peut être fatal à notre société, tant ce phénomène attaque et dynamite les fondations que sont nos normes, nos principes et nos valeurs cardinales. De surcroît, la corruption enracine la médiocrité dans la société, ce qui constitue un autre péril grave pour la nation, particulièrement pour la jeunesse, en perte de repères, et pour les personnes en situation de responsabilité. A cet égard, sans chercher à jeter l’anathème sur l’ensemble des serviteurs de l’Etat, il convient d’appeler l’attention des autorités publiques sur le fait que la corruption des agents publics constitue une entrave majeure à la capacité du gouvernement à satisfaire les besoins fondamentaux des citoyens. A ce titre les décideurs plus que quiconque, ont intérêt à lutter contre ce phénomène. En effet, la corruption limite la capacité des gouvernements à servir efficacement les citoyens, elle fragilise la subordination au droit, elle affaiblit les institutions publiques et érode la confiance dans les dirigeants. Elle doit être réprimée sans ambages, elle n’est pas une fatalité, encore moins un mal nécessaire’’.
LÉtat n'est pas du tout un pouvoir imposé du dehors de la société ; il n'est pas davantage « la réalisation effective de l'idée morale », « l'image et la réalisation de la raison », comme le prétend Hegel. Non, il est un produit de la société parvenue à un degré de développement déterminé ; il est l'aveu que cette société s'embarrasse dans une
L'État est le cadre juridique de la société, défini par une constitution qui est la source des lois et des règles de la vie sociale. La société humaine a existé avant la création de l'État. Toutefois, la nécessité d'avoir des lois et des règles qui préservaient cette société s'est vite imposée, notamment parce que l'être humain à l'état de nature fait souvent l'usage de sa force, se montre violent. L'État doit garantir la paix, la liberté et la justice. Il existe toutefois de nombreux cas dans l'histoire humaine et aujourd'hui encore où l'État ne semble pas remplir ce rôle l'État se montre oppresseur, parfois totalitaire, et même le libéralisme est actuellement remis en cause, ce qui pousse à se demander s'il n'est pas possible d'être une société sans État. ILa société avant la création de l'État Avant la création de l'État, l'être humain vivait en société, c'est-à -dire avec d'autres semblables, sans institutions. En effet, à l'état de nature, la société humaine existe déjà , on peut parler d'un contrat social qui organise cette structure sociale. L'idée même de société est parfois vu comme une contradiction l'être humain cherche à vivre avec les autres malgré les contraintes que cette situation entraîne. ALa société et son existence à l'état de nature La société humaine existe à l'état de nature. C'est notamment ce que pense Aristote, pour qui la famille est une société naturelle » qui existe avant l'État. La société est le résultat d'un processus naturel d'expansion de la famille. L'homme est naturellement un animal politique. »Pour Aristote, il est dans la nature de l'homme de vivre au sein d'une société. D'ailleurs, selon lui, un homme qui ne vivrait pas en société ne serait pas pleinement un homme il serait soit un sous-homme, soit un surhomme, c'est-à -dire un dieu. Il existe en effet plusieurs stades dans la socialisation Le premier stade est la famille, qui vise la procréation et la vie quotidienne. Le deuxième stade est le village une communauté formée de plusieurs familles qui est gouverné par un chef et qui procède d'une sorte d'extension du lien familial. Le troisième stade est la cité, ou polis, une communauté achevée formée de plusieurs villages, dont le bien visé n'est pas seulement de vivre, mais de bien vivre. L'homme s'insérerait donc naturellement dans ces différents niveaux de la vie en commun. Il faut toutefois distinguer les notions de communauté et de société La communauté correspond à une forme d'organisation plus traditionnelle, dans laquelle l'individu est encadré par la famille ou la corporation. Les membres d'une communauté partagent un mode de vie commun, une même vision du monde. La société rassemble des individus obéissant aux mêmes règles, sans pour autant partager un mode de vie ni des objectifs communs. Elle repose sur un pacte ou une convention volontairement formée par ses membres afin de poursuivre leurs objectifs individuels. Historiquement, le clan défini par les liens de parenté naturelle et par les règles de l'alliance a précédé la famille. Celle-ci est issue d'une division du peuple et associée à l'usage d'un nom particulier. Ce nom est commun à tous les membres de la famille. Il est défini par des règles de transmission précises pour chaque type de société ainsi que l'a montré Lévi-Strauss dans ses Structures élémentaires de la parenté. Les règles en usage dans le clan, en particulier le mode de transmission du nom transmission par le père ou par la mère, se maintiennent dans la famille. La seule société naturelle », au sens où Aristote l'entend, serait la horde primitive dont parle Darwin, et où aucune règle n'existe en dehors des nécessités de la vie. Tout y est nature », mais il n'y a pas encore de famille ni même de clan. BL'idée du contrat social La société est l'union de différentes familles en vue du bien commun. C'est une convention passée entre différents individus isolés dans le but du bien commun. Pour sortir de l'état de nature et entrer dans la société, il faut passer par un contrat social, tel qu'il a été théorisé d'abord par John Locke en Angleterre et par Rousseau en France. Le bien commun recouvre ce que l'Antiquité définit comme l'objet même de la vie en société. Selon Aristote, l'homme étant l'animal politique », il ne peut que vouloir le bien qui est le même pour tous la mot latin societas signifie association ». Ainsi se forme l'idée selon laquelle la société n'est pas naturelle » mais résulte d'une convention passée entre des individus isolés, d'un contrat. Ce contrat est un engagement pris par les personnes faisant partie de la société, il comporte des conditions que les contractants s'engagent à respecter. Contractualisme Le contractualisme est un courant de philosophie politique selon lequel l'origine de la société est un contrat passé entre les hommes, par lequel ceux-ci acceptent une limitation de leur liberté en échange de lois garantissant la perpétuation du corps social. La notion de contrat social est essentielle chez des philosophes comme Thomas Hobbes, John Locke ou encore Jean-Jacques Rousseau. Théories contractualistes Explications La théorie de Thomas Hobbes L'état de nature ne garantit pas la sécurité. Le contrat social est un contrat qui soumet l'homme à l'autorité politique. Cette soumission doit être totale, et en échange les citoyens bénéficient de la sécurité et du respect de leurs biens. C'est une forme d'absolutisme tolérant l'existence d'une sphère privée où il n'a pas de pouvoir. La théorie de John Locke L'état de nature permet à l'homme de s'assurer une descendance, de punir ceux qui menacent sa vie et d'avoir le droit de propriété. Toutefois, il ne permet pas toujours la sécurité, donc l'État est nécessaire. Cependant, le contrat passé doit permettre à l'homme de garder ses privilèges naturels. Le gouvernement est légitime si la majorité le soutient et s'il assure la sécurité et la propriété de chacun. C'est le libéralisme. La théorie de Jean-Jacques Rousseau L'état de nature était bon, mais l'homme développe, dans certaines conditions historiques sédentarisation, industrie, propriété l'amour-propre, l'orgueil et la vanité en société. Dans cette mesure, le rapport de force apparaît et régit les relations. Le contrat social doit permettre d'atteindre un État dans lequel les lois sont légitimes et justes. Par le contrat, l'homme se donne totalement à la communauté mais uniquement parce qu'en tant que sujet il jouit des droits qu'il a fait promulguer en tant que citoyen. Le contrat social doit instaurer l'égalité juridique entre les hommes malgré les différences naturelles. Du contrat social de Jean-Jacques Rousseau, écrit en 1762, étend l'idée de contrat à la société entière. On sort de l'état de nature et on entre en société par le contrat social. Trouver une forme d'association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s'unissant à tous n'obéisse pourtant qu'à lui-même et reste aussi libre qu'auparavant. Tel est le problème fondamental dont le contrat social donne la solution. »Rousseau présente l'idée du contrat social comme une fiction quelque chose qui est nécessaire pour penser la société, mais qui n'a peut-être jamais existé dans les faits. La représentation du contrat social appartient en fait à une étape de l'histoire où le lien familial a déjà éclaté » sous la pression du développement économique les individus vont vivre dans des lieux différents pour exercer leurs activités. CLa vie sociale, un paradoxe L'être humain semble voué à vivre en société. Même s'il perd une partie de sa liberté, il bénéficie grâce au contrat social d'une sécurité, et c'est seulement en société qu'il peut se comparer aux la fin du XVIIIe siècle, Emmanuel Kant parle de l'insociable sociabilité de l'homme malgré leur individualisme naturel », les hommes sont poussés à nouer des relations sociales grâce à leur esprit de ne peuvent pas s'empêcher, par amour-propre, d'entrer en compétition avec les autres, bien que leur désir premier soit d'ignorer les autres. Ils se sentent, comme l'a souligné Jean-Jacques Rousseau, dénaturés, c'est-à -dire loin de l' état de nature » où ils vivaient seuls, tout en ayant besoin de la société pour se comparer aux autres. Le moyen dont la Nature se sert pour mener à bien le développement de toutes les dispositions [des hommes] est leur antagonisme au sein de la Société. J'entends ici par antagonisme l'insociable sociabilité des hommes, c'est-à -dire leur inclination à entrer en société, inclination qui est cependant doublée d'une répulsion générale à le faire. »Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitiqueDans la pièce Huis clos de Jean-Paul Sartre, trois personnages que leurs fautes ont conduits en enfer tentent d'y trouver au moins la solitude. Mais le désir de parler d'eux et l'ennui les poussent à se rapprocher des autres, quitte à souffrir toujours davantage de leur confrontation, et ceci éternellement. À la fin, l'un d'eux déclare L'enfer, c'est les autres ». Ainsi, il est à la fois insupportable de vivre avec les autres et impossible de vivre sans eux. Le contrat social » peut ainsi être vu comme la contrainte paradoxale qui pousse les hommes à vivre en société contrairement à leur désir. S'il est considéré par Jean-Jacques Rousseau lui-même comme une fiction, c'est qu'il demande à être interprété. L'homme abandonne, par le contrat, tous ses droits naturels en échange des droits civils », mais rien ne dit qu'il en soit satisfait, notamment s'il agit en raison de la peur. Néanmoins, ce dernier sentiment est moins déterminant, chez Rousseau, que celui de la sécurité, en raison des dangers qui ont suivi l'abandon de l'état de nature par l' société est inévitable, même si l'homme ne s'y sent pas toujours bien. À l'état de nature, l'homme est en famille, mais même s'il a du mal à vivre avec les autres, il entre dans la société car il a besoin de se comparer à eux. L'État va s'imposer pour tenter d'atténuer ce paradoxe et rendre à l'homme ce qu'il a perdu en vivant en société. IIL'État garant de la société L'État donne un cadre juridique à la société, il est créé dans le but de la protéger, d'apporter liberté et justice. ALa création de l'État pour protéger la société Si pour certains philosophes, comme Rousseau, l'état de nature » est un état de paix et de solitude, il est plus souvent perçu comme une situation de guerre perpétuelle. La création de l'État doit permettre de protéger la société, d'empêcher la Thomas Hobbes, l'état naturel de l'homme est l'état de la guerre de tous contre tous où la loi du plus fort règne. Hobbes pense que l'être humain à l'état de nature est en conflit permanent, car il est animé par le désir, la crainte et l'envie. C'est ce qu'il appelle la guerre de tous contre tous ». Ainsi, la société humaine est composée d'être humains qui s'envient et se font peur. Chacun souhaite être le meilleur. Il n'y a qu'une manière de sortir de cet affrontement général la création de l'État. État On appelle État le cadre juridique de la société, défini par le droit public, la Constitution. Cette dernière est la source, par le biais des institutions qui la mettent en œuvre gouvernement, Parlement, des lois et règles de la vie le Léviathan, Thomas Hobbes voit dans la création de l'État la moins mauvaise des solutions les êtres humains reconnaissent le pouvoir absolu de l'État et renoncent à la violence de l'état de nature et s'en protège. L'État permet de protéger la société, il a pour but de faire régner l'ordre et la paix. Ainsi, l'être humain créé l'État pour être en sécurité. En vertu du pouvoir conféré par chaque individu dans l'État, il dispose de tant de puissance et de force assemblées en lui que, par la terreur qu'elles inspirent, il peut conformer la volonté de tous en vue de la paix à l'intérieur et de l'entraide face aux ennemis de l'étranger. » BL'État pour apporter la liberté et la justice à la société L'État est la structure qui permet d'apporter la liberté et la justice à la 1820, dans ses Principes de la philosophie du droit, Hegel présente l'État comme la plus haute des institutions. Selon lui, il permet de réaliser le plus haut degré de la liberté, il est Dieu sur terre ». Hegel le présente comme l'arbitre des rivalités entre familles ou des luttes entre classes sociales. Il parle de la classe universelle », les fonctionnaires, qui poursuivent une entreprise universelle la justice, qui coïncide avec la liberté. L'État est même au-dessus » de la famille et de la société civile parce que son droit le droit public ou constitutionnel est le plus élevé c'est le droit qui permet aux individus d'acquérir la liberté et la justice. L'État est la réalité effective de la liberté concrète. »Georg Wilhelm Friedrich HegelPrincipes de la philosophie du droitLes mots effective » et concrète » soulignent, chez Hegel, que l'État est bien plus qu'un concept. Étant défini par le droit la Constitution, l'État est, comme toute réalité juridique, liberté réalisée ». Le droit privé, le droit des personnes, réalise aussi la liberté c'est le cas dans la propriété qui réalise la liberté individuelle, ou encore celle du commerce et de l'échange dans la société civile. Il y a également un droit familial. Toutefois, le droit de l'État est au-dessus de tous les autres, parce qu'il garantit ce que nous appelons les libertés publiques, communes à tous les citoyens aller et venir, penser et s'exprimer librement, pratiquer une religion.L'État tend à protéger la société et à lui apporter la liberté, il est nécessaire pour dépasser la violence. IIILes rapports complexes entre société et État L'État peut être facteur d'injustice, suscitant des révoltes individuelles ou sociales légitimes il peut exercer une forme d'oppression sur la société et même se transformer en État totalitaire. Le libéralisme, ou société ouverte », semble une solution pour empêcher que l'État prenne trop de pouvoir. On observe également le rejet de l'État par certaines sociétés. AL'État, une forme d'oppression sur la société Alors qu'il peut apporter protection et liberté, l'État peut également être une source d'oppression. Pour lutter contre cette oppression, la séparation des pouvoirs est une fur et à mesure que les États se sont agrandis - passant de la cité grecque, par exemple, à l'Empire d'Alexandre le Grand, puis de César ou de Napoléon - ils sont devenus plus autoritaires, écrasants par rapport aux populations. Là où l'État n'est pas un empire, il cherche à le devenir comme dans l'Allemagne nazie ou en Russie soviétique et ses chefs deviennent des dictateurs. George Orwell, dans son roman 1984, a même imaginé un système dont on ne connaît pas le chef, Big Brother », mais auquel tous les individus sont soumis par la terreur. L'État est le plus froid des monstres froids. »Ainsi parlait Zarathoustra. Un livre pour tous et pour personnePour lutter contre un État oppressif, l'homme peut toutefois se rebeller. Antigone Dans la tragédie antique Antigone de Sophocle, Antigone est une jeune fille révoltée contre la loi de la cité c'est-à -dire l'État représentée par son oncle Créon ses deux frères s'étant entretués au cours d'une bataille pour le pouvoir, l'un d'eux a été privé de sépulture par Créon. Antigone veut l'enterrer religieusement. Dans cet exemple, Hegel voit le conflit du droit familial, représenté par Antigone, et du droit de l'État, représenté par Créon. Non seulement la jeune fille ne reconnaît pas le droit de l'État, mais elle invoque également des valeurs sacrées, légitimes pour Hegel parce qu'elles sont au-dessus de l'État séparation des trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire, vise à atténuer l'absolutisme de l'État et donc à atténuer les possibilités d'oppression. Montesquieu parle de distribution des pouvoirs dès 1748 dans De l'esprit des lois. Il écrit que le pouvoir arrête le pouvoir » cela sous-entend que le pouvoir doit être distribué car ainsi plusieurs pouvoirs s'affrontent et une balance peut être trouvée. L'indépendance de la justice est particulièrement importante afin que l'État reste un État de droit » où un chef ne puisse plus dire, à l'instar de Louis XIV L'État, c'est moi », en monopolisant et en concentrant les pouvoirs entre ses démocratie, le pouvoir appartient au peuple. Le pouvoir législatif ne peut être exercé par le gouvernement lui-même. Il suppose la représentation par un Parlement issu d'élections libres. Ce système de séparation des pouvoirs définit la démocratie par opposition à la dictature. La souveraineté populaire s'oppose ainsi à la souveraineté nationale, qui peut être représentée par un seul individu. La souveraineté le principe du pouvoir n'est pas le gouvernement. BL'État contre la société le totalitarisme L'oppression de l'État sur la société peut se transformer en véritable totalitarisme. L'État est alors contre la société humaine qu'il contrôle voire détruit. Le pouvoir est alors dans les mains d'un seul dictateur. Tous les exemples d'États totalitaires dans l'histoire supposent l'acceptation d'une partie de la société. Cela s'explique car la tentation est grande pour les hommes de s'en remettre à la seule autorité de l'État, dont on a vu qu'elle les protège d'eux-mêmes en tant qu'êtres potentiellement violents. Les historiens soulignent que si Hitler a légalement accédé au pouvoir dans l'Allemagne de 1933, c'est qu'il satisfaisait les désirs de revanche d'une petite-bourgeoisie » ruinée par la grande crise de 1929 et aussi ceux d'un peuple humilié » par la défaite de la Première Guerre mondiale. L'État totalitaire » est un État maximal qui concentre toute l'autorité au point de règlementer lui-même la société, l'économie et les libertés publiques. Ces dernières tendent à disparaître du fait du poids de la censure et de la police. Les juges eux-mêmes ne sont pas indépendants. Le totalitarisme rejette toute forme de contrat social et de contrôle du gouvernement par le peuple ou ses Hannah Arendt, qui a beaucoup étudié les totalitarismes du XXe siècle, le totalitarisme est plus qu'un régime politique. Dans Le Système totalitaire, elle étudie deux formes de totalitarisme, l'Allemagne nazie et l'URSS stalinienne. Elle considère que le totalitarisme est un phénomène de masses ». Pour elle, ces masses » sont perdues, elles ont besoin d'un modèle et acceptent facilement les idéologies totalitaires. Les Origines du totalitarisme© Le Seuil, coll. Points 1972, 1951Le discours totalitaire est un discours qui plaît, c'est un discours qui repose sur des images fortes, sur la violence, il anime les foules. Un parti unique s'installe, et ce parti devient tout, les êtres humains n'existent que pour et à travers ce parti et son idéologie. Enfin, Hannah Arendt analyse la façon dont le parti totalitaire va supprimer les libertés, d'abord ce qu'elle appelle la liberté extérieure les droits puis ce qu'elle nomme la liberté intérieure les idées, la pensée. Les sociétés totalitaires désignent des groupes humains comme étant des ennemis ce sont souvent les intellectuels. Ainsi, dans les sociétés totalitaires, la population est complètement surveillée, elle vit dans la terreur, chacun a peur d'être dénoncé tandis que d'autres traquent les ennemis du régime ». Pour Hannah Arendt, les régimes totalitaires mettent ainsi en place la déshumanisation des êtres humains. CLa société ouverte » pour lutter contre le pouvoir de l'État le libéralisme Le philosophe Karl Popper oppose au totalitarisme le concept de société ouverte, qui permet de lutter contre le pouvoir de l'État. Cette idée d'une société ouverte se rapproche du libéralisme tel qu'il a été pensé par le philosophe John société ouverte est la société libérale » dans laquelle l'État ne joue qu'un rôle minimal, le rôle sécuritaire. Le libéralisme anglo-saxon » dont parle John Locke valorise le commerce et le droit privé. Les individus, sujets de droit à part entière, ne peuvent que s'épanouir dans le libre-échange » que populariseront par la suite Jeremy Bentham et John Stuart Mill. Les nations s'épanouissent par le commerce, qui ne doit connaître aucune entrave. La société comme l'échange reposant sur un contrat, le droit privé suffit, l'État est à peine nécessaire, sauf sur le plan pénal, afin que les contrats et la sûreté individuelle soient les penseurs libéraux, le contrat social » est la société elle-même. L'État n'est que le produit d'un contrat parmi d'autres un contrat de gouvernement » et les gouvernants peuvent être révoqués par le peuple s'ils ne donnent pas satisfaction. L'État libéral » est un État minimal qui assure la sécurité sans gêner le libre-échange qu'il favorise le plus possible. L'État, selon mes idées, est une société d'hommes instituée dans la seule vue de l'établissement, de la conservation et de l'avancement de leurs intérêts civils. »Comme son nom l'indique, le libéralisme préfère la liberté à la justice, ou plutôt il pense qu'elles peuvent coïncider, à condition que l'État remplisse exactement son rôle. La société ouverte et l'État peuvent, selon John Rawls dans sa Théorie de la justice, s'accommoder de certaines injustices et inégalités. Ainsi, une répartition inégalitaire des biens entre les individus est acceptable si les individus qui bénéficient du moins de biens dans ce modèle de société disposent tout de même de plus de biens que s'ils se trouvaient dans un autre peut intervenir dans le domaine de la propriété individuelle expropriation mais seulement si c'est en faveur des individus défavorisés intérêt général et sans léser les autres. Adam Smith est un autre philosophe qui défend le libéralisme. Pour lui, l'État ne doit pas intervenir dans l'économie, la justice se fait d'elle-même. Il estime qu'il existe un principe naturel de régulation qui aboutit à ce que les divers intérêts particuliers servent l'intérêt général c'est la main invisible. L'idée est que la mise en concurrence permet une utilisation optimale des ressources disponibles ; les mobiles égoïstes des individus aboutissent ainsi à la meilleure utilisation possible des ressources à l'échelle de la société. Ceci est rendu possible par deux faits la tendance qu'ont les individus à employer leur capital à faire valoir l'industrie nationale ; la tendance qu'ils ont à diriger cette industrie de manière à lui faire acquérir la plus grande valeur possible. Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nationsLe libéralisme est très critiqué et remis en question aujourd'hui, avec la crise. On lui reproche notamment de donner tous les pouvoirs au monde de la finance, devant lequel même les États semblent impuissants, la gouvernance semblant s'être déplacée du politique au financier, et de l'État à l'international. La question de la monnaie, en particulier, gouverne les échanges entre les États eux-mêmes mais est gérée au niveau Banque centrale européenne BCE est indépendante des États européens. Elle fixe librement la création de la monnaie ainsi que les taux d'intérêt, avantageant ou désavantageant indirectement tel ou tel État inflation ce qui peut fragiliser la cohésion européenne comme on l'a vu au moment de la crise grecque Grexit ». DDes sociétés rejetant l'État Il existe également des sociétés qui ont fait le choix de rejeter l'État. L'ethnologue Pierre Clastres en a notamment étudié certaines. Dans son livre La Société contre l'État, l'ethnologue Pierre Clastres, ayant observé différentes sociétés premières » d'Amazonie, affirme que ces sociétés n'ignorent pas l'État comme on l'a toujours pensé, mais le sont des sociétés qui font le choix de se passer d'État. L'histoire des peuples sans histoire [c'est-à -dire géographiquement indépendantes et sans interaction] c'est [...] l'histoire de leur lutte contre l'État. »© Éditions de Minuit, collection Critique, 1974Les peuples sans histoire » correspondent à ce que Claude Lévi-Strauss appelle les sociétés froides », qui se préservent de l'interaction avec d'autres, et par conséquent des conflits historiques. Il semblerait alors que les sociétés continuant d'évoluer sans avoir d'État ne connaissent pas les mêmes troubles que les autres et sont plus heureuses c'est l'un des sens que l'on peut donner à sans histoire ». Selon Pierre Clastres, les sociétés premières » n'ont pas besoin de l'État comme juge ou arbitre de leurs conflits. Elles ont des chefs, mais elles les contrôlent » afin qu'ils ne deviennent pas trop puissants et ne fondent des États. Les guerres elles-mêmes, internes ou extérieures, ont pour fonction d'éloigner le spectre » de l' effet, en temps de paix, ces sociétés sont une sorte de démocratie directe » où société et État se confondent elles réalisent le rêve de Rousseau. Elles ne sont pas, précise Clastres, sans État » ou anarchiques sans ordre, car elles sont suffisamment organisées. Elles représentent ce que Marcel Mauss appelle le fait social global », sans différenciation de classes ou de métiers, ou encore par la sociétés sont pacifiques tant que la forme de l'État ne s'impose pas comme une contrainte par rapport à la vie sociale elle-même. Elles entrent en guerre les unes contre les autres dans la mesure où elles craignent que l'une d'entre elles leur impose le cadre de l'État et donc les opprime et les domine, en détruisant leur équilibre sociétés luttent contre l'État comme contre une menace, à la manière de quelqu'un qui se débat, se défend contre l'angoisse ou contre une maladie dont il pense qu'elle lui sera fatale. Les sociétés sans État » sont aujourd'hui extrêmement minoritaires et ne concernent guère que quelques groupes de chasseurs-cueilleurs » d'Amazonie ou de Nouvelle-Guinée, ou encore le peuple Ayoreo du Paraguay, État où Pierre Clastres avait observé, vers 1970, les Indiens Guayaki, exemple de ce qu'il appelle une société contre l'État ».
Oyw9. 343 38 100 131 141 49 18 204 271
l etat est il un mal nécessaire